Assurance-chômage. La baisse des allocations annoncée pour l’été

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Mercredi 3 Mars 2021

La réforme « assouplie » par le gouvernement a été présentée en détail, mardi. Rejetée par l’ensemble des syndicats, elle entrera en vigueur le 1er juillet.

Les syndicats ne s’attendaient à rien de bon, ils ont quand même été déçus. Ce mardi matin, la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a présenté au patronat et aux organisations syndicales la dernière mouture de son projet de réforme de l’assurance-­chômage, décidé en 2019, après avoir arbitré les derniers points techniques et ajustements. Après la publication d’un prochain décret prévu en mars, les premières dispositions de la réforme entreront en vigueur dès le 1er juillet, selon le cabinet du ministère.

Parmi ces mesures, unanimement décriées par les cinq syndicats intégrés aux discussions (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO), les nouvelles règles de calcul du salaire journalier de référence devraient laisser sur le bord de la route plus de 800 000 chômeurs, dont les allocations mensuelles sont appelées à fondre (lire notre édition du 2 mars). « Dans quatre mois, certains verront leurs indemnisations baisser de 30 % à 40 %, c’est inacceptable », a réagi Denis Gravouil, négociateur pour la CGT.

Mesurettes pour les uns, tours de vis pour les autres

Le gouvernement a fait valoir des assouplissements, notamment avec l’instauration d’un plancher – mis sur pied après que la première version de la réforme a été retoquée par le Conseil d’État en novembre – qui permettra d’éviter une chute trop drastique des allocations. Une mesure palliative qui ne calme pas l’ire des organisations syndicales. D’autant que la création d’un bonus-malus voué à dissuader les employeurs de recourir à des contrats trop courts, censé équilibrer cette première mesure, a été édulcorée. Si la période de référence débute bien en juillet 2021, les patrons mauvais élèves ne passeront à la caisse qu’en septembre 2022. « On va baisser dès cet été massivement les droits des chômeurs et on prendra quelques mesurettes pour limiter les contrats courts dans plus d’un an. Ce n’est pas possible », s’insurge le cégétiste.

Difficile dans ces conditions de croire en la bonne volonté affichée du gouvernement. « L’un des premiers objectifs de cette réforme est la lutte contre la précarité, et elle s’inscrit dans un ensemble de politiques publiques en la matière », a ainsi plaidé Thomas Audigé, directeur de cabinet de la ministre du Travail. Pour convaincre de ce dessein, celui-ci a présenté aux syndicats deux clauses de « retour à meilleure fortune », c’est-à-dire de retour à la normale de l’économie, qui conditionneront l’entrée en application des deux mesures annoncées du jour. Le gouvernement s’est engagé à attendre, d’une part, que le nombre de chômeurs en catégorie A baisse de 130 000 sur une période de six mois, et, d’autre part, que 2,7 millions de déclarations préalables à l’embauche pour des contrats de travail de plus d’un mois soient signées en quatre mois. Dans les cas où ces deux indicateurs concorderaient, les sans-emploi seront confrontés à deux nouveaux tours de vis. D’une part, il leur faudra six mois de travail sur vingt-quatre pour ouvrir de nouveaux droits contre quatre mois travaillés actuellement. D’autre part, les chômeurs ayant un salaire supérieur à 4 500 euros brut se verront amputer de 30 % de leurs allocations au bout de sept mois, contre neuf aujourd’hui.

Si le gouvernement s’est targué d’avoir pu profiter « d’écoute réciproque et de débats constructifs » avec les « partenaires sociaux », les organisations syndicales, elles, ne se sentent pas entendues. « Le combat continue, nous allons attaquer le décret juridiquement », promet Denis Gravouil.