Billet de Christophe Prudhomme: écarlate

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Ecarlate de colère ! Oui, face au climat de peur entretenu par le gouvernement avec des mesures toujours plus contraignantes dont l’efficacité est sujette à caution. En effet, le seul critère pertinent pour mesurer la gravité de la crise est le nombre de lits de réanimation occupés. Or si le gouvernement avait réellement entendu les professionnels de terrain, il aurait profité de l’été pour armer au moins 12 000 lits de réanimation, comme cela avait été préconisé en mai au regard des comparaisons internationales. Or rien n’a été fait, et en ce moment un peu plus de 1 300 lits de réanimation sont occupés par des malades COVID-19, soit un taux d’occupation d’un peu moins de 25 % nationalement. Avec 12 000 lits, nous serions en-dessous de 10 % de taux d’occupation et là nous retombons dans le « vert ». C’est donc bien l’absence de moyens hospitaliers adaptés et d’anticipation du gouvernement qui est à l’origine de la situation actuelle.

De fait, cette surcharge d’activité nous empêche de gérer à la fois le flux de patients habituels et ceux atteints par le coronavirus. Il faut s’interroger sur le fait que les nouvelles déprogrammations de malades comportent le risque d’une surmortalité à terme qui est susceptible d’être supérieure à celle due à l’épidémie.

Tout cela sans compter le fait que la santé comporte trois composantes : le physique, le psychologique et le social. Or la stratégie actuelle ignore les conséquences sur les deux derniers éléments. Nous assistons déjà à une explosion des décompensations psychiatriques sans compter le fait que l’inquiétude et l’angoisse qui touchent de plus en plus de personnes a des incidences sur l’état de santé général de la population. Et que dire du social avec l’explosion du chômage et l’atrophie des relations ainsi que des contacts avec les autres.

Nous ne savons pas combien de temps nous allons être confrontés à ce virus. Il faut donc vivre avec, bien entendu en adoptant des comportements adaptés au quotidien. Mais cela ne peut être l’abandon des autres malades à l’hôpital et une vie sociale réduite à sa plus simple expression. L’urgence actuelle n’est donc pas de fermer les bars mais d’embaucher massivement à l’hôpital pour ouvrir des lits, plus particulièrement des lits de réanimation, et cela de manière pérenne, pour pouvoir gérer sereinement les mois et les années qui viennent. Il est urgent également de revoir la politique de tests en utilisant plus largement les tests rapides qui pourraient être répétés plusieurs fois par semaine pour les populations à risque. Cela permettrait ainsi d’isoler précocement les personnes contagieuses et de maintenir une vie quotidienne presque normale.

 

Dr Christophe Prudhomme

5/10/2020