Céline Malaisé : « La gauche et les écologistes peuvent gagner en Île-de-France à condition de se rassembler »

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Les signataires de l’appel « L’Île-de-France mérite son printemps », qui réunit des communistes, des socialistes, des écologistes mais aussi des syndicalistes ou encore des universitaires, tiennent ce mercredi une conférence de presse. L’une de ses initiatrices, la présidente du groupe Front de gauche au conseil régional, Céline Malaisé, estime que, malgré les premières annonces de candidatures à gauche, la porte du rassemblement reste ouverte. Entretien.

Vous avez lancé un appel intitulé « L’Île-de-France mérite son printemps » en vue des prochaines élections régionales. Quel est l’objectif de cette démarche et quel écho rencontre-t-elle ?

Céline Malaisé La messe n’est pas dite pour la réélection de Valérie Pécresse (présidente ex-LR de la région – NDLR). La gauche et les écologistes ont une possibilité de gagner en Île-de-France. Mais cela passe obligatoirement par un rassemblement le plus large possible dès le premier tour afin de construire une dynamique qui non seulement donne à voir un arc de forces politiques mais surtout impulse un élan citoyen sur le modèle du Printemps marseillais lors des municipales. Nous avons lancé l’appel avec 400 premiers signataires – dont les présidents de groupe communiste, écologiste et socialiste au conseil régional –, nous en sommes à 650. Parmi eux également, une élue de la France insoumise, Clémentine Autain, des militants du PRG, des maires, les présidents du Val-de-Marne et de la Seine-Saint-Denis, des syndicalistes, des universitaires, des réalisateurs… Des gens dont on s’est fait les porte-voix durant ce mandat face à la droite.

Quel bilan tirez-vous de ce mandat de Valérie Pécresse ?

Céline Malaisé Elle a défiguré l’Île-de-France. Elle trouve souvent prétexte à se défausser, mais la dégradation des conditions de vie des Franciliens est perceptible. Par exemple, les conditions d’études dans les lycées avec de nombreux établissements notamment confrontés à des systèmes de chauffage non réparés. Le nombre de pannes, de retards sur le RER B a considérablement augmenté depuis la décision de construire le Charles-de-Gaulle-Express. Le budget consacré au logement a été sabré. Un habitant sur dix dans la région habite dans un quartier politique de la ville, mais un quart des crédits ont été supprimés. Beaucoup de temps a été perdu pour enclencher la bifurcation écologique. Au-delà de la com, les politiques publiques se sont considérablement rabougries. Il est temps de dire stop.

Julien Bayou pour EELV ou encore Audrey Pulvar pour le PS sont déjà sur les rangs. Le rassemblement est-il encore réellement possible ?

Céline Malaisé Nous ne nous résignons pas aux scénarios préécrits. D’ailleurs, lors de la conférence de presse que nous organisons ce mercredi, tout l’arc des forces est représenté. Au-delà de l’appel, nous avons aussi entamé une série de rencontres avec nos partenaires de gauche et écologistes. Notre discours sur le rassemblement les interpelle. On sort d’un rendez-vous avec Julien Bayou : il n’y est pas fermé, contrairement à ce qui peut se dire. Et ce pour une bonne raison : nous sommes tous d’accord sur la nécessité de battre la droite de Pécresse. Or, lorsqu’on examine les outils à notre disposition pour y parvenir, le rassemblement apparaît comme celui qui peut créer une dynamique s’il s’opère sur un programme de rupture avec la politique en place et propose de l’espoir pour les Franciliens. Le chemin n’est pas évident mais pas insurmontable. Car, plus on avancera sur la question du programme, plus il sera difficile de ne pas réussir, de ne pas choisir une tête de liste susceptible de tous nous rassembler. D’autant qu’on peut donner à voir la diversité sur une liste de 209 personnes et imaginer une campagne à plusieurs têtes.

Des questions de fond font débat à gauche, comme la gratuité des transports en Île-de-France, sur quels contenus opérer le rassemblement que vous appelez de vos vœux ?

Céline Malaisé Aucun débat n’est rédhibitoire, il faut tout mettre sur la table et voir comment dépasser les divergences. Nous, communistes, nous portons depuis longtemps des propositions très concrètes sur la gratuité des transports. Les écologistes sont un peu plus tièdes mais ils n’y sont pas opposés : il y a deux ans, notre groupe a proposé un vœu en ce sens, qu’ils ont voté. La vraie question porte sur le calendrier, le mode de financement… Surtout, cela ne doit pas être utilisé pour cliver, car nous pouvons facilement nous mettre d’accord sur toute une série de mesures. Sur la défense de l’éducation, avec la construction d’au moins deux lycées supplémentaires par an pour faire face à l’augmentation du nombre d’élèves. Sur le logement, avec le doublement, voire le triplement du budget. Ou encore, sur l’aménagement du territoire, avec le rétablissement d’un schéma directeur en concertation avec les collectivités et réellement prescripteur pour lutter contre les inégalités sociales et territoriales qui se sont renforcées depuis cinq ans.

Entretien réalisé par Julia Hamlaoui