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Le journal les Échos a publié lundi un article très intéressant titré « Comment le Covid redessine les bénéfices des laboratoires pharmaceutiques ». Nous apprenons que le chiffre d’affaires des dix premières entreprises du médicament a été en 2020 de 468,5 milliards de dollars et que le résultat opérationnel, c’est-à-dire les bénéfices, s’est chiffré à 108,9 milliards de dollars, soit 23 % du chiffre d’affaires. Cela signifie que, pour un produit vendu 10 dollars, le laboratoire génère 2,3 dollars de profit.
Une comparaison est éclairante sur l’énormité de ce chiffre : le résultat opérationnel de Toyota, une des entreprises automobiles les plus rentables au monde, était de 8,2 % avant la crise. L’industrie pharmaceutique est donc une des activités les plus rentables au monde alors qu’elle produit des biens indispensables pour la population mondiale. Dans le contexte de la pandémie actuelle, qui nécessite la production massive de vaccins, au meilleur coût, avec une disponibilité pour l’ensemble des pays de la planète, nous pouvons pointer une anomalie majeure. Est-il donc raisonnable de laisser les choses en l’état ? Sûrement pas.
Au-delà de la pétition européenne « Pas de profit sur la pandémie » se pose la question de la maîtrise publique de la production des médicaments, qui ne peuvent être des produits marchands comme les autres. Les opposants à cette évolution nous expliquent qu’il est normal que les actionnaires bénéficient d’un retour sur leur investissement. C’est bien là que le bât blesse. Car, de fait, ces fameux investisseurs s’appuient largement sur la recherche publique et sur la socialisation des dépenses pour engranger des bénéfices honteux.
Je ne suis pas économiste mais je constate que les bénéfices du seul Sanofi représentent plus que la somme octroyée par le gouvernement pour le fameux Ségur de la santé. Je ne peux donc que m’interroger, en tant que soignant, sur l’anormalité de cet état de fait qui explique largement les difficultés rencontrées dans nos hôpitaux, du fait du manque de moyens chronique entretenu par les gouvernements depuis trop longtemps.