Deux questions à Mathilde Caroly, responsable du collectif Palestine du PCF.
Face à l'engrenage guerrier d'Israël, que peuvent faire la France et l'Union européenne ?
Si Israël se permet d’attaquer le Liban, de menacer l’Iran après un an de bombardements acharnés sur Gaza causant plus de 42 000 morts, c’est parce que la France, l’Union européenne mais aussi les États-Unis se montrent plus que complaisants à son égard.
Pourtant, le gouvernement israélien ne peut faire cette guerre sans l’appui logistique de nos pays. Seules les sanctions peuvent stopper la folie meurtrière dans lequel le gouvernement israélien entraîne son pays. Ces sanctions passent notamment par l’interdiction d’exportation d’armes vers l’État d’Israël. Mais il y aussi les sanctions économiques comme la suspension de l’accord d’association UE-Israël dont l’article 2 stipule le respect des droits de l’Homme par chacune des parties. Ce n’est que sous cette pression que Benjamin Netanyahou et ses ministres d’extrême droite seront contraints à un cessez-le-feu et aux retraits de leurs troupes à Gaza et au Sud-Liban.
Emmanuel Macron répète souvent que les conditions ne sont pas réunies pour reconnaître un État palestinien, mais l’Espagne, l’Irlande, la Norvège et la Slovénie viennent de le faire. Il faut que la France cesse d’être l’appendice des États-Unis et que, sur cette question, elle porte enfin une voix originale. D’autant qu’un changement diplomatique de la France aurait un effet d’entraînement sur huit à neuf pays de l’Union européenne (UE).
Politiquement, une telle reconnaissance serait un coup de semonce pour Israël, qui active tous les moyens diplomatiques et médiatiques à sa disposition pour l’empêcher, et s’assoit sciemment sur le droit international. Cette stratégie est pourtant une catastrophe pour Israël, puisque seule la création d’un État de Palestine dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, assurerait la sécurité des deux peuples et mettrait fin au cycle de vengeances.
Si la Palestine était un État membre à part entière de l’ONU, la discussion au sein du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU serait d’une autre nature. Les Américains auraient bien plus de mal à imposer leur veto pour défendre Israël.
Que peut apporter le PCF ?
L’action du PCF peut se faire à plusieurs niveaux et se fait d’ailleurs déjà depuis longtemps !
Beaucoup de nos collectivités entretiennent des liens de coopérations décentralisées que ce soit avec des villes ou des camps de réfugiés. Au-delà de l’aspect solidaire, ces jumelages permettent aussi de rappeler notre exigence de la reconnaissance de la résolution 194 sur le droit au retour des réfugiés palestiniens.
Nos députés se servent de leur niche parlementaire et de leurs interventions pour interpeller le gouvernement sur sa politique indigne.
En tant que militant·e·s, nous devons nous emparer des campagnes lancées par le parti mais aussi par nos associations partenaires. Je pense notamment aux campagnes pour la reconnaissance de l’Etat de Palestine mais aussi pour la libération de Marwan Barghouti et de tous les prisonniers politiques palestiniens initié par la fédération mais aussi au niveau national. Cette libération fait partie des conditions pour arriver à une paix juste et durable.
Mais il y a aussi la campagne actuelle sur l’enseigne Carrefour qui exige que le groupe Carrefour mette fin à l’ensemble des accords qu’il a conclus pour s’implanter en Israël, car ces accords reposent sur des partenariats avec des entreprises impliquées dans la colonisation qui constitue un crime de guerre au regard du droit international. Elle s’inscrit dans la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) initiée par la société civile palestinienne depuis 2005 que le PCF soutient.