Contribution de la Fédération de Seine-Saint-Denis du parti communiste français

Covid 19 en Seine-Saint-Denis :

Un implacable et cruel révélateur

des inégalités sociales et territoriales

 

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Les communistes de Seine-Saint-Denis expriment leur soutien et leur solidarité aux familles endeuillées par l’épidémie et aux malades actuellement en soins.

Ils s’associent aux remerciements que notre peuple adresse tous les jours aux personnels soignants, aux agents des services publics et aux salariés du privé, tous métiers confondus, qui font tenir la France debout.

Ils saluent les associations, les bénévoles, qui majoritairement, dans cette situation difficile, font preuve d’une solidarité sans égal. Comme toujours, les habitant-e-s des villes et des quartiers populaires, si souvent stigmatisé-e-s, font preuve de dignité, de courage et d’humanité.

Ils appellent au respect le plus strict des consignes sanitaires données par l’Etat sur les recommandations des autorités de santé.

Notre département paie un lourd tribu à cette crise sanitaire. Il y a plus de morts en Seine-Saint-Denis car il y a plus de malades ! Et les personnes atteintes par le Covid 19 le sont pour des raisons qui tiennent principalement à leurs conditions sociales :

  • Une crise du logement et une suroccupation des habitats où la mise à distance du virus est impossible en cette période de confinement
  • Les habitants-e-s du 93 sont bien moins nombreux que dans d’autres départements d’Île de France à disposer d’une résidence secondaire où de nombreux franciliens ont pu partir au moment où le confinement était décidé
  • La Seine-Saint-Denis est sous dotée en infrastructures médicales et en personnel soignant. Un personnel admirable d’humanité avec un sens du service public et une conscience professionnelle hors du commun.
  • Les salarié-e-s de Seine-Saint-Denis occupent majoritairement les métiers les plus exposés : aides-soignant-e-s, infirmier-e-s, aides à domicile, caissier-e-s, livreurs, agents de sécurité, agents des transports, personnels de ménage… et dont la présence physique au travail est indispensable.

Ainsi celles et ceux dont M. Macron disait « qu’ils n’étaient rien » sont en fait celles et ceux qui sont tout, prenant des risques pour leur santé, voire pour leur vie, pour continuer à « faire tourner » le pays.

Plus que jamais, l’importance de nos services publics, notamment ceux de santé et d’éducation, éclate au grand jour. Leur démantèlement méthodique orchestré par les politiques libérales menées par les gouvernements successifs affaiblit gravement la capacité de notre pays à faire face à cette crise.

Les annonces gouvernementales sur les primes qui seront versées à certains fonctionnaires sont évidemment les bienvenues. La situation exceptionnelle que nous vivons le justifie pleinement. Mais une fois cette prime versée, la question des salaires reste posée. Reconnaitre l’importance de nos services publics par une juste rémunération de celles et ceux qui les font vivre est devenu un enjeu essentiel que plus personne ne peut occulter. Le président, enfin, l’a reconnu dans plusieurs déclarations. Maintenant il faut les actes !

Face à cette crise, une colère sourde gronde dans les quartiers populaires. Car personne ne peut dire qu’il ne savait pas !

Souvenons-nous des Etats généraux des quartiers populaires tenus à Grigny en 2017 suite au rapport Borloo et dont les espoirs ont été refroidis par la fin de non-recevoir de M. Macron.

Souvenons-nous du rapport parlementaire sur notre département intitulé « La République en échec » qui en 2018 pointait des « défaillances » de l’Etat dans le 93 en matière d’éducation, de justice, et de police. Un rapport qui avait le mérite, enfin, de reconnaitre la maltraitance par l’Etat de la Seine-Saint-Denis et qui avait amené le Premier Ministre Ed. Philippe à créer 5 groupes de travail sur les grandes thématiques de ce rapport, éducation, justice, sécurité, santé et attractivité des postes pour les agents publics, afin « d’adapter l’action publique aux enjeux ». La reconnaissance ne suffit pas. Il faut agir, avec des moyens, et vite !

Souvenons-nous des luttes et des mobilisations des personnels d’éducation, des hospitaliers, des services d’urgence, des personnels des EHAPD, et de tant d’autres qui alertaient sur la catastrophe annoncée. Ce ne sont pas des coups de matraques et des canons à eau qu’il fallait leur donner en réponse, mais les écouter et les entendre !

Oui nous sommes en colère. Non pas que nous aurions pu éviter le virus, mais ses conséquences aurait pu être bien moindres. La responsabilité des choix politiques faits au service de la finance au détriment de l’humain est patente.

La réponse à la crise ne se trouve pas dans un appel aux dons mais dans des choix politiques qui combattent sur le fond les causes des inégalités.

Agir contre ces inégalités c’est, sans attendre, répondre aux besoins des habitants et des salariés. C’est stopper immédiatement les activités économiques non indispensables pour ne plus exposer les salariés. C’est fournir en masse les protections indispensables pour celles et ceux des secteurs de première nécessité : masques, gel hydroalcoolique, gants, etc. C’est déployer des moyens pour soutenir les initiatives locales de solidarité prises par les associations.

C’est, pour les familles, débloquer des aides sociales d’urgence destinées à l’alimentation, mettre en place des banques alimentaires pour pallier les fermetures de cantines scolaires. Les annonces d’une prime versée à environ 4 millions de foyers parmi les plus démunis et d’une aide exceptionnelle pour les étudiants vont bien sûr dans le bon sens. C’est bien le moins que se doit de faire une des nations les plus riches du monde et cela reste, trop tardivement, bien loin des besoins, comme le disent plusieurs associations. C’est douloureusement vrai dans notre département.

Agir contre les inégalités, c’est répondre aux fractures en matière d’éducation, par l’aide au soutien scolaire et la fourniture de matériel numérique gratuit. L’annonce du déconfinement à partir du 11 mai, avec la réouverture des écoles, interroge de nombreux parents et les personnels de l’Education Nationale. Quel est donc l’avis du conseil scientifique, jusque là légitimement cité pour expliquer les décisions et curieusement absent du dernier discours présidentiel ? Il y a là un manque de transparence qui peut inquiéter. Si la volonté de lutte contre les inégalités scolaires en évitant un trop long « décrochage » est louable, cela ne peut se faire sans une sécurité sanitaire maximale. Or les écoles sont des lieux de forte dissémination virale et c’est pour cette raison qu’elles avaient été fermées rapidement en début de crise. Gageons que M. Macron ne fasse pas le pari, à haut risque, de l’immunité collective, mais rien n’est moins sûr. Gageons également qu’avec cette réouverture des écoles, ces dernières ne deviennent pas les garderies du Medef. A voir le patronat piaffer d’impatience pour que les entreprises redémarrent à tout prix, y compris celui de la santé des salariés, on peut en douter.

Enfin il y a les conditions, pour le moins floues, dans lesquelles se fera la reprise des activités scolaires, sans même parler de la cantine et des activités périscolaires pour lesquelles les élus locaux sont invités à se débrouiller seuls. Le ministre Blanquer évoque « des petits groupes », des changement d’emploi du temps, des horaires modifiés,… c’est donc bien que le risque sanitaire existe toujours ! Et que la motivation première de cette décision est bien que les parents retournent travailler. Et tout cela sans l’ombre d’un débat démocratique et de concertations. Ajoutons que le gouvernement ose encore envisager des fermetures de classes dans nos villes !

Agir contre les inégalités, c’est, en matière de logement, travailler avec les bailleurs sociaux pour aider au paiement des loyers des locataires mis en difficultés financières, notamment par le chômage partiel. Des bailleurs sociaux de notre département prennent des mesures dans ce sens mais cela ne suffit pas. Il faut d’urgence augmenter les APL, geler les loyers dans le parc social et le parc privé et soutenir financièrement les bailleurs pour sortir au mieux de cette crise.

C’est soutenir l’activité de nombreuses PME-PMI, mais aussi des structures de l’économie sociale et solidaires, qui prennent actuellement des initiatives utiles pour produire des biens de première urgence, tout en préservant l’emploi.

Les élu-e-s communistes, avec d’autres et là où ils et elles sont en responsabilité dans notre département, agissent dans ce sens de nombreuses manières : aides aux leçons renforcées, mobilisation des centres municipaux de santé, suivi social des locataires et des personnes fragilisées, cellules d’écoute,  aides aux repas, protection des personnels,…etc. Les pouvoirs publics doivent se saisir des initiatives solidaires prises aujourd’hui pour développer partout, demain, de nouvelles solidarités.

Agir c’est aussi, au-delà de l’urgence, penser l’avenir et s’interroger sur les causes de l’augmentation de la fréquence des pandémies. Notamment les causes environnementales comme la déforestation massive et la destruction de la biodiversité qui pourraient être des facteurs aggravants de la contamination de l’Homme par des virus animaux. C’est réinvestir massivement dans les services publics, dans les politiques de santé, de recherche, de solidarité, de démocratie, de bien-être social et économique.

La mondialisation capitaliste va à contresens de l’histoire. Si nous voulons une humanité solidaire et d’égalité, il faut en finir avec ce système dont on voit aujourd’hui encore davantage les mortelles limites.

Les immenses richesses produites dans le monde et en France ne doivent pas « ruisseler », comme le dit M. Macron mais être partagées par tous et toutes, en premier lieu celles et ceux qui les produisent.

Enfin, la situation exige davantage de démocratie. Le président de la République décide seul sans consulter, ou alors après coup, le parlement, et encore moins les élus locaux ou les grandes associations de solidarité, par exemple.

Dans cette crise sanitaire grave et inédite le Parti Communiste met en débat des propositions. (ci-dessous)

 Débattons-en.

Vous pouvez compter sur les communistes de Seine-Saint-Denis et leurs élu-e-s, aujourd’hui et demain, pour affronter cette crise et ses conséquences et agir avec vous pour une société plus juste et plus solidaire.

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