Covid-19. Mobilisation pour faire du vaccin un bien public

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Jeudi, devant les agences régionales de santé, le PCF a réclamé la levée des brevets sur les sérums anti-Covid. Une conférence de presse a aussi réuni de nombreuses organisations.

«L’industrie pharmaceutique ne voit que les profits, il faudrait au contraire que tout le monde puisse bénéficier du vaccin. » Ce jeudi matin, à Lille (Nord), Françoise et André Mazingue ont répondu à l’appel du PCF à se rassembler devant les agences régionales de santé (ARS) de France, pour faire du « vaccin contre le Covid-19 un bien public mondial ». Elle est pédiatre au centre hospitalier universitaire (CHU) de Lille, lui neurologue à la retraite. « L’Organisation mondiale de la santé aurait dû organiser la production (du vaccin) dans tous les pays du monde », estime André, pour qui il faut « faire de Sanofi une entreprise publique, avec trois pôles : recherche, fabrication, formation ». « Depuis une dizaine d’années, Sanofi n’a fait que soigner les dividendes, acquiesce Éric Bocquet, sénateur PCF du Nord. De moins en moins d’argent est consacré à la recherche. Résultat, aujourd’hui, on ne produit aucun vaccin en France, contrairement à l’Espagne, la Grande-Bretagne… » « Le drame, ajoute Françoise, c’est qu’on ne produit presque plus de médicaments. » À l’hôpital public, «  tout fonctionne à flux tendu, y compris pour le personnel », dénonce-t-elle, évoquant un manque de stocks de produits anesthésiants au CHU de Lille lors de la première vague de Covid, en mars 2020.

« La seule parade face à la pandémie, c’est une campagne de vaccination massive », a insisté, quelques minutes plus tôt, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. Lundi, il était à l’Institut Pasteur de Lille, qui « manque de moyens pour la recherche », alors qu’ « on connaît les coronavirus, puisqu’on en est au troisième ».

Fabien Roussel rappelle un précédent : « La bataille de Mandela, qui a obtenu la possibilité de faire du traitement contre le Sida un générique et de le produire en Afrique du Sud. »

Pasteur Lille a bâti un programme de recherche sur des traitements contre le Covid « de 600 000 euros par an sur trois ans », mais « ils n’ont toujours pas de réponses positives pour les financements ». Le député du Nord applaudit la demande auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) formulée par l’Afrique du Sud et l’Inde, suivies par plusieurs dizaines d’autres pays, de « lever les brevets sur les vaccins, pour pouvoir les produire librement et largement ». « Le système de licence volontaire permet une indemnisation du propriétaire (du brevet) en échange d’une autorisation de production, afin que personne ne soit lésé », précise-t-il. Fabien Roussel rappelle un précédent : « La bataille de Mandela, qui a obtenu la possibilité de faire du traitement contre le Sida un générique et de le produire en Afrique du Sud. »

 

Faire pression sur l'OMC, l'UE et le gouvernement français

C’est dans le même esprit qu’au mois de novembre 2020, un appel signé par plusieurs organisations politiques, syndicales et associatives avait été lancé. Depuis, une campagne est en route pour faire pression sur l’OMC et sur l’UE et le gouvernement français. Quelques heures après les rassemblements devant les ARS, des organisations mobilisées ont tenu une conférence de presse (PCF, FSU, CGT, Fédération des mutuelles de France – FMF –, Convergence nationale des collectifs de défense des services publics…).

 

Benoît Teste, pour la FSU, a estimé que « tous les instruments juridiques existent pour déclarer les vaccins comme biens publics ». Pour le syndicaliste, il s’agit d’un enjeu mondial : « La vaccination dans les pays riches risque de se retrouver sans effet si le virus continue de se propager dans les pays pauvres. » Pascale Vatel, pour la FMF, appelait à ce que les centres de santé des mutuelles bénéficient des moyens nécessaires pour jouer le rôle de « centres de vaccination, et accélérer la campagne ». La bataille menée au niveau européen a son importance. Si un million de signatures sont recueillies, l’UE devra « enclencher une procédure de révision des textes réglementaires » qui empêchent de faire sauter les brevets, comme l’a souligné Fabien Roussel. Catherine Perret (CGT) mettait l’accent sur « la conscientisation des citoyens », sur laquelle selon elle « on peut s’appuyer pour faire grandir la mobilisation ». Michel Jallamion, pour la coordination de défense des services publics, a rappelé que, la solidarité à l’échelle européenne, « on l’a faite avec Airbus. Pourquoi ce ne serait pas possible dans le domaine de la santé publique » ?

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