Déménagement du conseil départemental : Pas de décision sans concertation !

Le président du département de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, annonce depuis ses vœux le déménagement de la quasi-totalité des services départementaux dans un nouveau et unique bâtiment, à Saint-Denis.

Il s’agit d’une première en France où pour la première fois un département envisage de déserter la ville-préfecture.

Si les groupes politiques du Conseil départemental ont été mis devant le fait accomplis et demandent des garanties dans leur domaine de prédilection (bilan carbone pour les verts, gain économique pour la droite), le risque est grand de les voir se satisfaire de réponses parcellaires.

Les élu·e·s communistes, dès le début du mois de janvier, ont exprimé leur réserve sur le projet, considérant l'absence d'information et de concertation qui le caractérise. Ils insistent notamment sur la remise en cause du principe d'accessibilité pour tou·te·s aux services départementaux qu'il comporte, avec le départ de Bobigny et sa centralité territoriale. Ils demandent également d'avoir accès au contenu du bail qui liera la collectivité avec le groupe ICADE, propriétaire des futurs locaux.

La majorité tangue et les agents, fortement mobilisés, font monter la pression.

A l’initiative de la CGT, une intersyndicale unanime s’est constituée et un préavis de grève déposé pour la semaine prochaine. Mieux, les syndicats profitent de l’occasion donnée par le président - comme tous les ans, il offre la galette dans différents sites - pour organiser une consultation des agent·e·s.

La tendance des résultats est lourde et régulière, entre 72 % et 80 % ils et elles se prononcent contre le « déménagement imposé ».

Les syndicats n’entendent pas en rester là et envisagent tous les recours possibles. En effet, un tel déménagement bouleverse la vie quotidienne de près de 3 000 agent·e·s et, pour une grande part des autres, c’est la certitude d’une vie professionnelle plus complexe, moins d’interactions avec ses pairs et partenaires.

Tou·te·s ne seront pas déménagé·e·s mais tou·te·s seront frappé·e·s !

Le dernier rapport social unique, qui évoquait l’origine des agent·e·s par ville du département en 2018, montrait que si moins de 600 agent·e·s résidaient autour de Saint-Denis près de 1 600 habitaient autour de Bobigny.

Pour les agent·e·s, comme pour les syndicalistes et les communistes de la collectivité, une telle décision serait acceptée si elle était motivée par la volonté d’améliorer sérieusement les services publics offerts à la population. Mais l’essentiel de l’argumentaire tient en un point fort : 10 petits millions d’euros d’économie par an, sur un budget de 2,1 milliards.

Et encore, cette économie n’est nullement étayée et déjà très certainement amputée des ajustements qui apparaissent comme la location d’autres bâtiments complémentaires, l'augmentation des places de parking, etc.

En réalité, cette décision choque et suscite le rejet car assortie d’une ribambelle d’arguments spécieux. Comme d’habitude au département, elle est marquée du sceau de l’inflexibilité, de la surdité aux remarques et surtout du peu de cas fait de la majorité politique, des agent·e·s et, plus grave encore, du public.

Le rôle des communistes du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis ne peut être que de pousser à une vision globale, loin des faux effets d’aubaines et de réclamer une réelle concertation, assise sur un véritable diagnostic social et d’encourager un changement dans les pratiques décisionnelles.

André Baraglioli
syndicaliste au sein du conseil départemental
militant communiste de Bagnolet

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