Le « Discours sur l’état de l’Union » prononcé il y a quelques jours par la nouvelle Présidente de la Commission européenne mérite notre attention. Il comporte certes les habituels poncifs « bruxellois », aussi lourds que stériles, comme l'autosatisfaction ou la distribution de bons et de mauvais points au reste du monde. Mais son rapport contient également toute une série d’annonces à suivre de près, soit qu’elles nous semblent dangereuses, soit qu'elles apparaissent potentiellement prometteuses.
Au nombre des premières, citons l'intention d'adopter en Europe -après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne- une loi facilitant les sanctions contre des dirigeants étrangers accusés d'atteintes graves aux droits de l'homme (appelée « loi Magnitsky »). L'expérience ne montre-t-elle pas l'inefficacité de cette pratique ... et l'hypocrisie de ses promoteurs ? C'est un vrai sujet à débat. A suivre, donc.
D'autres pistes ouvertes par la cheffe de l'exécutif européen sont selon moi, des chantiers à investir. Non pour les prendre pour argent comptant, mais pour en débattre et en tirer le meilleur possible.
Ainsi, disons résolument OUI à l’ouverture d’un vrai débat sur « L’Europe de la santé » ! Il est plus que temps de mieux « nous préparer face aux menaces sanitaires » et d’assurer des « réserves stratégiques » en matière de produits pharmaceutiques ! Tout comme il est urgent pour l’UE d’agir pour garantir à l’Organisation mondiale de la santé les moyens et les pouvoirs nécessaires à ses missions. Dans l’immédiat, à l’heure du dramatique rebond de la crise du « COVID-19 », on veillera particulièrement à voir aboutir l'engagement, rappelé par la Commission, de coopérer au financement de la recherche sur un « vaccin accessible à tous ceux qui en ont besoin » , ainsi que « sur les tests et les traitements ». Voilà, en effet, des défis cruciaux à relever !
Il en va de même du « Pacte vert »: OUI à l’ambition de « faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre d’ici 2050 ». Encore faut-il cesser de prendre du retard sur les objectifs fixés par la Conférence de Paris, il y a cinq ans : ce que les nouvelles propositions de la Commission ne permettent toujours pas. Encore un défi à suivre de près ! Tout comme celui de l’engagement de « Bruxelles » de pousser en avant la rénovation thermique des bâtiments ou d’investir massivement dans l’hydrogène . En effet, la réalisation de l' « accélération de la transition écologique » promise supposerait de tuer plus d'une vache sacrée du néolibéralisme en vigueur dans l'UE.
Quant à la réforme de la politique migratoire annoncée, s'il n'y a, hélas, pas de rupture politique à attendre dans ce domaine non plus, de la part de la plupart des Etats membres, l'on retiendra néanmoins l'annonce, par la Commission, de l'abolition du « Règlement de Dublin » et celle de la création de « voies légales d'accès » à l'UE. Qu'en sera-t-il concrètement ? Emparons-nous, là encore, sans attendre, de ces engagements. Attitude complaisante ? Certainement pas. Démarche offensive avec la volonté d’être utile : oui.
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NB: cet article (publié dans l’Humanité-Dimanche du 24/9/2020) a été rédigé le week-end dernier, sur la base de l’annonce, par la Présidente de la Commission, de l’abrogation du Règlement de Dublin (qui bloque les réfugiés dans le pays d’arrivée) . « Qu’en sera-t-il concrètement ? », demandions-nous . Nous le savons, hélas, aujourd’hui que les textes législatifs ont été dévoilés : en fait, rien ne change sur le fond ! Pire, les renvois de migrants vont être encouragés comme jamais ! Nous n’en resterons pas là ! Raison de plus de nous emparer de l’engagement officiel de la Commission d’ « abolir » réellement l’absurde Règlement de Dublin et de « créer des voies légales d’accès » à nos pays. Une nouvelle étape de la lutte pour une politique solidaire, en matière d’immigration et d’asile commence.