L’Humanité, une arme d’information massive

Lundi 23 juin, une rencontre passionnante a eu lieu à la fédération avec Maud Vergnol, co-rédactrice en chef du journal l’Humanité pour échanger sur le rôle singulier de l’Humanité dans le paysage médiatique alors qu‘une poignée de milliardaires ont fait main basse sur l’information avec l’objectif de gagner la bataille culturelle.

A coup de millions injectés à perte, il s’agit bien de diffuser à travers tous les supports médiatiques l’idéologie dominante, d’imposer les thèmes de débat portés par l’extrême droite quitte à mentir, transformer la réalité, imposer une vérité alternative comme le fait Trump et les partis d’extrême droite au pouvoir : du « grand remplacement » aux « français de souche », nos « frontières des passoires pour immigrés qui veulent profiter de la générosité de notre système social », la fête de la musique réduit à une horde de sauvage, le poison anti-science qui remet en cause les changements climatiques, la nocivité des pesticides, des néonicotinoïdes, contre les féministes avec un retour des masculinistes… C’est un autre imaginaire qu’ils veulent nous imposer. Avec un objectif : diviser la société, injecter le poison qui transforme son voisin en ennemi.

Les médias ne sont plus là pour informer mais pour prendre parti et ils l’assument. Ce qui fait que la simple vérité des faits est un enjeu politique en soi. Il peut y avoir une interprétation différente des faits et cela fait partie du débat politique dans une démocratie mais là ce sont les « faits » mêmes qui sont remis en cause avec une machine redoutable de la presse écrite, à la radio en passant par journaux télévisuels en continu, les réseaux sociaux, nous sommes saturés d’informations non vérifiées, dont on ne connaît pas les sources et qui assènent leur vérité.

La guerre idéologique commence par les mots utilisés qui peuvent amener au pire. Cela implique de ne pas utiliser les mots de nos adversaires qui sont imposés dans le débat public et qui façonnent les esprits. Exemple des cotisations sociales qui sont devenues des « charges sociales » ou des plans de licenciement qui sont devenus des « plans sociaux », ou encore « la guerre préventive » qui n’existe pas dans le droit international, ou encore pour justifier l’augmentation des dépenses d’armement exiger par Trump, on nous explique qu’il faut « préparer la guerre pour faire la paix »…

C’est dans ce contexte que l’Humanité est un outil extrêmement précieux. C’est le seul quotidien en France qui n’est pas aux mains d’actionnaires et n’est financé que par ses lecteurs. La lecture quotidienne de l’Humanité, de l’Humanité magazine est pour un·e communiste une arme d’information massive, mais également pour toutes celles et tous ceux qui sont à la recherche d’informations et d’analyses, d’une autre grille de lecture qui leur permet de réfléchir et penser le monde différemment.

Exemple de la situation au Proche-Orient.

Le seul fait d’informer sur la situation à Gaza, par exemple, est déjà un engagement. Aucun journaliste étranger n’est autorisé par Israël à Gaza depuis le début de l’offensive. Cela ne s’est jamais vu dans aucun conflit dans le monde. Et les journalistes palestiniens à Gaza qui essayent de faire leur travail dans des conditions terribles sont la cible d’Israël : jamais dans un confit il n’y a eu autant de journalistes tués, 200 à ce jour. La photo publiée par l’Humanité en Une d’un enfant gazaoui émacié par la famine [photo de l’AFP, vérifiée, revérifiée par l’Humanité avant publication] participe à faire bouger l’opinion. C’est pourquoi elle a fait l’objet d’attaque contre « l’Humanité » de l’extrême droite : ce serait la photo d’un enfant atteint de mucoviscidose et non d’un enfant palestinien qui souffre de la faim. B. Netanyahou et son gouvernement ressassent : il n’y a pas de famine à Gaza c’est l’intox du Hamas.

En parlant de « génocide » l’humanité a utilisé le « mot » pour dire la situation à Gaza. Ce n’est pas un mot employé à la légère mais à partir des faits : nombre de morts dans la population civile, et notamment d’enfants, destruction des hôpitaux, destruction des infrastructures d’accès à l’eau potable, affamement de la population et attaques contre la population lors des rares distributions alimentaires.

Exemple aussi de notre combat contre l’extrême droite. L’Humanité magazine de la semaine dernière en a fait sa Une « La presse gangrenée par l’extrême droite ». Une enquête qui met en exergue le retour du journalisme de propagande, et comme les Bolloré, Bouygues, Stérin et d’autres qui mettent sur le devant des journaux identitaires marginalisés. Ils vampirisent le débat, sans aucune déontologie.

Mais c’est également l’Humanité, grâce à son pôle investigation, qui a dénoncé le projet Péricles du milliardaire Stérin – exilé fiscal !- pour porter Marine Le Pen au pouvoir (formation de cadres, faire gagner des municipalités au RN,…à grands coups de millions).

Avec l’Humanité on comprend mieux ce qui relie les uns aux autres, la cohérence des projets, du récit travaillé à partir d’une réalité fantasmée pour gagner la bataille culturelle et faire accepter des politiques au service de la seule classe dominante.

L’Humanité est un outil indispensable contre la désinformation. L’Humanité c’est un groupe de presse avec le magazine, la revue la Terre, une chaîne sur Twitch avec l’émission ça ira, des petites vidéos de 2-3 minutes sur un sujet.

L’Humanité, avec de faibles moyens, réussit à s’imposer dans le paysage médiatique, à nourrir un imaginaire. Le groupe Humanité a fait le choix de rester un quotidien généraliste avec des pages culture/création, sportives, loisirs, faits de société. C’est le journal qui valorise les travailleurs·ses et leurs luttes : cette année l’Humanité a fait 17 Une sur des travailleurs pour cinq pour Libération, quatre pour le monde et deux pour le Figaro.

Avec ces hors-série, l’Humanité revient sur un évènement (dans l’enfer des camps, droits à l’IVG fragile liberté, les clefs pour combattre l’extrême droite) en revenant sur l’histoire, les responsabilités, avec des témoignages, des textes d’historiens, pour mieux comprendre notre présent à la lumière du passé.

L’Humanité c’est également sa fête que les autres forces politiques nous envient. Une fête unique par son caractère solidaire, politique, festif. C’est le premier grand rassemblement de la rentrée, avec des centaines de débats de grande qualité, contradictoire.

ACTU