Les services publics au coeur d'une autre société

Transports, écoles, santé, poste, action sociale... tous les services publics sont dans le collimateur du Gouvernement. Les services publics sont ainsi placés en difficulté pour répondre aux besoins de la population et c'est souvent la raison avancée pour les privatiser ou instituer des modes de gestion privée.

Les diktats européens sont aussi une justification avancée: alors pourquoi privatiser le rail ou le fret alors que le Royaume Uni fait le chemin inverse en raison des dégâts causés par la privatisation? Quand il ne s'agit pas d'une position purement idéologique de la droite pour justifier leur démantèlement comme pour les transports en Ile-de-France alors qu'aucun texte européen n’y oblige. Le racket sur les ménages continue avec la hausse insupportable des prix de l'électricité alors que la maîtrise publique des coûts peut être rétablie avec un juste prix incluant tous les coûts selon la Fédération nationale des mines et de l'énergie CGT (FNME CGT).

La concurrence instituée comme règle de vie sociale par le capitalisme devient le mode d'organisation dans les services publics et les désorganise. C'est cette offensive qui porte aussi atteinte au sens du service public porté par le statut de la fonction publique. Précarisation des agents de la fonction publique, non reconnaissance de leurs compétences, suppression des représentations du personnel, management dégradant, dénigrement des fonctionnaires au besoin par des "fake news" sur leur absentéisme, tout est bon. On nous rebat les oreilles sur la dette publique qui nécessiterait une ponction sur les dépenses publiques et les services publics. La crise financière n’est pourtant pas le produit d’une mauvaise gestion des services publics mais de politiques libérales menées de manière accélérée ces toutes dernières années par le président de la République avec des cadeaux mirifiques et sans contreparties aux grandes entreprises, comme aux plus riches. Cela devait ruisseler, nous avait on promis !

Appelons à refuser l’austérité imposée à tous les ministères, à l'exception de l'Intérieur et les Armées, comme aux collectivités territoriales et à tous les services publics. Les conséquences, moins de moyens pour la santé, pour l’école, pour la rénovation des logements, du parc automobile,… vont peser lourdement sur toute la population. Par exemple, qui va prendre en charge l'AESH pour apporter l'aide aux enfants handicapés? L'exemple des crèches privées qui présentent des risques très importants pour la garde des enfants fait partie des limites déjà visibles de cette privatisation à outrance. Les transports publics du quotidien en font partie, sinon cela veut dire les usagers laissés à des solutions individuelles pour aller au travail, emmener les enfants à l’école… Le transfert de dépenses comme le revenu de solidarité active aux départements sans contrepartie suffisante confronte ces collectivités à des effets ciseaux avec à la clé de nouvelles missions publiques dégradées. L'enfance en danger fait l'objet de cris d'alarme: que fait l’État pour prendre en charge les responsabilités qui lui incombent ? Les femmes réclament des services publics permettant l'exercice de leurs droits légitimes et leur protection en cas de violence : malgré les déclarations d'intention, l’État n'en fait pas une réelle priorité. Ajoutons que la numérisation croissante des services publics ne permet pas un accès à égalité à tous les habitants sur le territoire. Les maisons France services ne peuvent pas répondre à tous les besoins des habitants car elles manquent de personnels qualifiés et ne concernent pas tous les services publics assurés au plan local et surtout n’ont pas un accès privilégié, différent de celui des usagers, aux opérateurs publics. Raison de plus pour se battre pour permettre un accueil physique direct des usagers répondant à leurs besoins. L'humanisation des services publics nécessite une politique concertée de tous les acteurs élus, personnels et bien sûr, usagers, au plan local y compris l’État.

La bataille parlementaire des députés du Nouveau Front populaire à l'Assemblée nationale a montré que d'autres sources de financement peuvent être sollicitées que les coupes budgétaires sur les dépenses publiques : la surtaxe sur les très hauts revenus, la surtaxe exceptionnelle des grandes entreprises,  la taxe sur les rachats d’actions,  le renforcement de la taxation des billets d’avion, un renforcement de la fiscalité sur les meublés de tourisme de type Airbnb, un impôt sur le patrimoine des milliardaires dit « taxe Zucman", une taxe sur les superdividendes des grands groupes comme Total, Sanofi ou LVMH, un « impôt universel » sur les multinationales, un renforcement de la « taxe Gafam » sur les géants du numérique, un renforcement de la taxe sur les transactions financières, un retour sur la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) ...

On l'a vu dans la période récente, dans un moment de crise profonde où se développent précarité, insécurité, inégalité mais aussi de révolte monte l'exigence d'une culture de partage, de justice et de solidarité. La question du service public est une réponse incontournable structurante d'une nouvelle société, une société qui place la satisfaction des besoins humains et le respect de notre planète au cœur des choix politiques à venir. La bataille populaire gagnante contre la privatisation d’Aéroport de Paris pour un référendum a montré que le rassemblement autour d'objectifs transformateurs paye. L'exemple des créations de régie de l'eau, par une démarche démocratique de collectivités, en riposte aux gestions privées, montre qu'il est possible de contrecarrer cette politique. Cela permet des baisses de charge sensibles pour les habitants et que les citoyens puissent prendre en main la réponse aux urgences climatiques. Nous pouvons aussi gagner de nouveaux services publics comme l'alimentation, comme le montrent les expériences tentées ça et là dans le cadre de collectifs citoyens ; cela devient une urgence quand on sait qu'un quart des enfants français déclare ne pas manger trois repas par jour.

Le Nouveau Front populaire a placé les services publics en priorité de son programme et cela a contribué à le placer en 1ère place aux élections législatives. Cette mobilisation peut aujourd'hui se poursuivre au-delà même des rangs de la gauche dans le cadre de comités du nouveau front populaire rassemblant partis politique de gauche, associations, syndicalistes et citoyens. C'est aussi un moyen de faire reculer l'extrême droite et de montrer qu'elle refuse des services publics démocratiques. Un des objectifs pourrait être de gagner l'inscription d'une charte des services publics dans le préambule de la Constitution comme le propose le groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste- Kanaky du Sénat.

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