Musique. Le laboratoire festif des objets musicaux non identifiés

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La Fête de l’Humanité et Zebrock ne s’imaginent pas l’un sans l’autre. Restrictions sanitaires obligent, la scène des musiques actuelles émergentes a dû s’adapter. Entretien.

Edgard Garcia

Directeur de Zebrock

Comment la présence de Zebrock va-t-elle se matérialiser à la Fête de l’Humanité Autrement ?

Edgard Garcia Nous avons tenu le cap de notre travail qui est de soutenir, d’encourager et d’accompagner les projets portés par de jeunes artistes émergents. La finale du Grand Zebrock, qui devait se tenir en juin, aura lieu le 4 septembre, à la Maroquinerie. Elle va être filmée et diffusée. Chaque année, la Fête de l’Humanité accueille les finalistes du Grand Zebrock. Tout a été bouleversé. Notre objectif est tenu, mais amoindri par la situation.

Pourquoi le Grand Zebrock est-il indispensable à la Fête ?

Edgard Garcia Zebrock existe depuis trente ans. Nous avons bâti depuis plus de dix ans un partenariat de sens autour de la Fête. Personne ne peut parler de la Fête sans la musique, qui occupe une grande place dans son histoire. L’idée de la scène Zebrock est d’offrir une respiration différente de celle des autres scènes. Nous promouvons des objets artistiques hors champ, hors autoroute, hors circuit habituel, tout en faisant la démonstration qu’il y a un public pour eux. Zebrock est indispensable à la Fête de l’Humanité et la Fête de l’Humanité nous est bien sûr indispensable.

Quels sont les six finalistes ?

Edgard Garcia Il y a tout d’abord Laura Clauzel, dont l’environnement visuel très riche lui a valu un prix dans un festival de clips indépendants à New York. Ses chansons empruntent à l’esprit du cabaret avec des traces de David Bowie dans sa période berlinoise. Elle rappelle aussi Barbara, avec une vraie modernité portée par un discours dense sur la femme et les enjeux de l’égalité. Il y a beaucoup de malice dans ce que fait Louise Pressager, également plasticienne. Sa façon de chanter est déstabilisante mais son timbre et sa diction attirent tout de suite l’oreille. Elle interroge beaucoup les paradoxes de notre monde. Volutes est un groupe plus conventionnel, un trio guitare, batterie, voix d’essence hard. Ils sont concernés par le monde et ont, par exemple, composé des chansons à partir de textes de soignants. C’est une musique originale et cogneuse avec beaucoup de subtilité dans le propos. Avec The Darwin Experience, le registre est celui du rock anglo-saxon avec un leader charismatique impressionnant quand il chante et vous regarde. Ce sont des musiciens épatants qui maîtrisent l’écriture et le jeu dans la lignée d’un rock passionnant, décalé et arrogant. Cassidy Sacré est une formation montreuilloise gorgée de soul avec des harmonies vocales et du groove. Ils ont été lauréats d’un tremplin à Montreuil. Enfin, Joseph est un groupe en plein développement et qui emprunte à la tradition d’un Higelin et d’une Patti Smith avec beaucoup de grâce.

Comment se porte Zebrock ?

Edgard Garcia Nous avons vécu une année extrêmement tendue. Notre très gros volume d’actions en scolaire a été interrompu. Cette situation est venue fragiliser davantage une structure sous-financée depuis plusieurs années. Les moyens ne cessent de se réduire, en particulier sur un territoire fondamentalement maltraité comme celui de la Seine-Saint-Denis. Les collectivités font leur part, mais les moyens diminuent. En trois ans, nous avons perdu environ 132 000 euros de subventions. Certains de nos partenaires ont pris la mesure du danger, et des dispositions dont nous avons bénéficié. Nous avons réussi à desserrer la corde du pendu. Nous travaillons beaucoup et bien. En même temps, nous butons en permanence sur cette question d’un modèle économique compliqué à modifier du jour au lendemain.

Entretien réalisé par Michaël Melinard