Noisy-le-Sec – Fierté et Paix : une Pride Day entre luttes queer et combat révolutionnaire

Le 14 juin dernier, la Maison des communistes de Noisy-le-Sec accueillait la deuxième édition de la Pride Day. Sous le mot d’ordre « Fierté et Paix », cette journée a été un moment fort de convergence entre luttes LGBTQIA+, anticapitalisme, et internationalisme. Entre débats politiques puissants et fête populaire joyeusement subversive, la Pride Day a fait le pari réussi d’unir radicalement la lutte et la fête, la colère et la joie.

Dès l’ouverture, un discours percutant a posé les bases : la répression des personnes LGBTQIA+ n’est ni accidentelle ni culturelle, elle est structurelle, au service d’un ordre mondial fondé sur la domination. « Là où commence l’exclusion, commence la violence », rappelait le texte, avant de dresser un constat glaçant : criminalisation de l’homosexualité dans 64 pays, peine de mort dans 11, persécutions en Russie, en Tchétchénie, en Palestine, en Ouganda, en Afghanistan… Le discours n’a pas cherché l’équilibre : il a nommé les régimes oppresseurs, identifié les responsabilités impérialistes, et dénoncé l’instrumentalisation réactionnaire de l’homophobie comme outil de pouvoir.

Mais le texte ne s’est pas arrêté au constat. Il a porté une ligne claire : les droits LGBTQIA+ ne seront jamais garantis par les institutions de la bourgeoisie, ni par les promesses électorales creuses. Ils s’inscrivent dans le cadre plus large de la lutte des classes. Défendre les minorités sexuelles, c’est aussi refuser la précarisation des jeunes, les violences policières, l’école aux mains des conservateurs, les politiques impérialistes occidentales. Et c’est pourquoi le PCF, organisateur de la journée, a affirmé haut et fort son engagement : pas de fierté sans révolution, pas de paix sans justice.

La table-ronde qui a suivi a prolongé cette analyse avec une intensité politique rare. Sébastien Tüller, pour Amnesty International, a documenté la répression internationale et les dynamiques d’exclusion portées par les États. Hayan Abdallah, pour le collectif Les Inverti·e·s, a enfoncé le clou avec une intervention sans concession : l’homophobie est un langage de l’État, un levier d’ordre et de contrôle, et il ne peut y avoir de libération queer sans renversement de l’ordre bourgeois. Enfin, Vivi, pour la commission Fière et révolutionnaire du PCF, a rappelé combien les identités queer dérangent précisément parce qu’elles fissurent l’idéologie dominante : la famille patriarcale, le genre assigné, le travail exploité, la norme raciale. Les LGBTQIA+ sont en première ligne car leurs vies sont, par essence, une remise en cause de l’ordre établi.

Mais la Pride Day, ce n’est pas que la parole politique — c’est aussi la joie comme forme de résistance. À partir de 19h30, la soirée s’est transformée en moment de liesse collective. Le stand-up de Maxime Farrayre a mêlé humour et critique sociale. Someone, dans une performance queer intense, a porté sur scène le refus de la norme. DJ 93 Queen a retourné la salle avec des sons aussi fiers que combatifs. Et l’apparition aussi inattendue que jubilatoire du jumeau de Dalida a déclenché une ovation unanime. Le karaoké final, populaire et désinhibé, a permis à toutes et tous de prendre place, de visibiliser leurs voix, leurs corps, leur puissance.

Cette deuxième édition de la Pride Day n’a pas été un simple rendez-vous militant. Elle a été l’affirmation claire que la fierté n’est pas un produit à consommer une fois par an, mais une arme politique. Que la fête, quand elle est collective, accessible, traversée par les luttes, devient elle-même un acte révolutionnaire.

À Noisy-le-Sec, ce soir-là, on n’a pas seulement dansé. On a levé le poing.

ACTU