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Le temps perdu se rattrape-t-il ? Nous voilà plongés dans un « surplace allégé », après que le Premier ministre ait sonné le tocsin sur une situation épidémique qualifiée par lui de catastrophique dans seize départements. Invités à prendre l’air, à continuer de vendre librement leur force de travail, nos concitoyens resteront privés de rencontres, de cinéma, de théâtre et de spectacle vivant. Ils continueront d’être entourés de porteurs de virus en nombre grandissant sans bénéficier des résultats qu’ils sont en droit d’attendre après tant de sacrifices et de contraintes.
Qui peut croire que le niveau de diffusion du variant « anglais » sera ainsi réduit, lui qui a pour caractéristiques d’être plus contagieux, plus mortel, et plus contaminant pour des personnes plus jeunes ? Si « vivre avec le virus » consiste à accuser un perpétuel retard sur sa propagation, cela revient à faire le pari que bien plus de personnes seront contaminées, dont on pense, en haut lieu, qu’elles seraient ainsi immunisées tout en espérant que l’accélération de la vaccination en immunisera beaucoup d’autres.
Celle-ci est pourtant loin d’être acquise du fait des atermoiements coupables de l’Union européenne et de la voracité des laboratoires pharmaceutiques qui livrent les doses au compte-goutte pour maintenir leurs exorbitants profits.
Mais combien de morts, de Covid longs, de reports d’interventions chirurgicales, de choix douloureux pour les soignants faudra-t-il accepter pour atteindre une immunité collective suffisante ? La Suède s’y était risquée. Elle y a vite renoncé. Or « la troisième voie » inventée par président de la République ressemble comme une sœur jumelle à la stratégie avortée des suédois. Bien plus qu’un aveu d’échec, elle n’est que la prolongation aggravée de son pari mortifère du mois de janvier dernier qui nous a conduit là où nous sommes. Le Conseil scientifique l’avait redouté. Plutôt que de rejeter ses recommandations, le chef de l’Etat serait bien inspiré de reconnaître que les mises en gardes du Conseil n’ont jamais été démenties par les faits.
Au lieu de s’attacher à construire des réponses collectives, avec l’aide du Parlement et des élus locaux, il a fait le choix de servir les exigences des grands groupes économiques et financiers, en profitant à plein des prérogatives que lui offre la cinquième République et son grotesque césarisme. Par la voix du MEDEF, les gestionnaires du grand capital supplient le pouvoir de mettre un terme rapide au « quoi qu’il en coûte ». Les intérêts de ces derniers prenant sans cesse le pas sur l’intérêt général. Que le monarque-président qui décide seul ne soit pas étonné de devoir rendre seul des comptes.
Devant tant d’impérities, la colère gronde. Il convient d’empêcher que le ressentiment abreuve encore plus l’extrême droite, prête à assumer le rôle d’un parti de l’ordre aux teintes fascisantes avec des franges du patronat qui craignent que la situation leur échappe. Une telle issue ne serait que la reconduction aggravée des politiques liberticides et ultra-capitalistes qui président aujourd’hui. Cette périlleuse situation doit interpeller les forces démocratiques et progressistes. Elle appelle à la construction d’une union populaire de type nouveau dont les luttes, en cours et à venir, pourraient être les prémices heureuses.