Patrick Le Hyaric: Les carnassiers !

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Voici deux données qui en disent long sur l’antihumanisme des mandataires du capital au pouvoir. En janvier, les voilà qui versent une nouvelle dotation de 20 milliards aux entreprises sans contrepartie. Et la semaine dernière, après avoir retiré 700 millions d’aides au logement, les voici qui prennent un milliard d’euros sur le dos des chômeurs.

La refonte de l’assurance chômage est une arme de destruction massive contre les droits des travailleurs : 840 000 privés d’emploi vont perdre au minimum 20% du montant de leurs allocations. Des millions d’existences sont littéralement en jeu, et les ravages d’une telle décision ne feront qu’exacerber les inégalités consécutives à la gestion de la pandémie.

Beaucoup de personnes de bons sens nous demandent : mais pourquoi le pouvoir fait cela en pleine pandémie qui détruit chaque jour des emplois et à la veille d’élections cruciales ? Ce qui domine chez ces gens-là, c’est le service au capital. Il faut donc que « l’armée de réserve des chômeurs » soit moins bien rémunérée pour faire accepter aux privés de travail des conditions encore plus dures demain. Ce faisant, la pression sur les salaires et les conditions de travail sera considérablement aggravée. L’extorsion de valeur issue du travail vers les possédants aussi.

La déconnexion entre le calcul des indemnités et le travail effectué, entre les qualifications acquises et le travail aliéné par le « marché de l’emploi » – au cœur du projet gouvernemental – s’harmonise parfaitement avec la suppression des cotisations chômage, fruits du même travail, décidée par le président dès son élection. La boucle est ainsi bouclée pour que la force de travail soit mise à disposition unilatérale du capital.

Le choix de faire reposer sur l’UNEDIC la dette contractée pendant la pandémie, essentiellement issue du chômage partiel, au lieu de l’intégrer à celle de l’État, facilement finançable, témoigne tout autant de la volonté d’en finir avec ce droit fondamental. Ce sera en effet à l’assurance chômage, et à elle seule, de rembourser les 18,7 milliards qu’elle a contracté pendant la pandémie. On imagine à quel prix…

Le milliard d’économie ainsi promis deviendrait soudain nécessité absolue quand il s’agit d’envoyer les privés de travail au tapis. Mais une peccadille lorsqu’il s’agit de rétablir l’impôt sur les grandes fortunes, dont le montant représente pourtant plus du quadruple !

L’autre raison de cet empressement réside dans la volonté de signifier à la Commission européenne, aux détenteurs étrangers de la dette publique française et aux marchés financiers, que la France est prête à imposer les fameuses « réformes structurelles » qui ne visent qu’à étendre encore plus l’emprise du capital sur le travail et sur nos vies. Les privés d’emploi sont ainsi réduits au rôle d’offrandes sacrificielles posées aux pieds des marchés financiers en échange de leur indulgence.

L’assurance chômage, c’est l’assurance de la dignité des travailleurs, la garantie que leur vie, leur existence, leur labeur ne soient pas entièrement dépendants du bon vouloir patronal. C’est cette marge de négociation que les capitalistes et leurs serviteurs veulent détruire.

Il est heureux que l’ensemble des syndicats s’oppose à ce vil troc effectué au mépris de toute forme d’humanité. Aidons-les à conserver cet outil indispensable au service du peuple travailleur et utile au rapport de force contre le capital. Utile pour créer les conditions d’une garantie universelle du travail pour chacune et chacun, conjuguée avec un projet éducatif répondant aux enjeux actuels et complétée par l’accès à une formation tout au long de la vie. Contre les carnassiers, faisons vivre l’humanité.