Pour la gauche francilienne, un appel dispersé au rassemblement

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Jeudi 22 Octobre 2020
Cyprien Caddeo

L’appel « L’Île-de-France mérite son printemps », qui réunit des représentants de toutes les forces, a été présenté mercredi, à Montreuil. Une autre tribune, publiée fin septembre, appelait à l’union… mais derrière Audrey Pulvar, proche du PS.

Ils ont choisi Montreuil, où le PCF, le PS, la France insoumise et Génération.s ont gagné ensemble aux municipales 2020, comme un « symbole ». « Ceux qui portent la division ont été battus », prévient Gaylord Le Chequer, premier adjoint de la commune de Seine-Saint-Denis. Les premiers signataires de l’appel « L’Île-de-France mérite son printemps » y ont présenté mercredi leur initiative pour rassembler la gauche en vue des départementales et régionales de mars prochain (si elles ne sont pas reportées à cause du coronavirus).

Celle-ci réunit des personnalités du Parti radical de gauche au PCF, en passant par la FI et EELV. Étaient notamment présents les présidents des groupes communiste, socialiste et Verts de la région – Céline Malaisé, Maxime des Gayets et Ghislaine Senée, le sénateur PS Rachid Temal, mais aussi deux présidents de département : Christian Favier (PCF, Val-de-Marne) et Stéphane Troussel (PS, Seine-Saint-Denis). La députée insoumise Clémentine Autain et l’ex-ministre du Logement Emmanuelle Cosse, absentes, figurent aussi parmi les signataires.

L’objectif partagé par toutes et tous : « rassembler les écologistes et la gauche qui agissent pour l’émancipation », « éviter les candidatures de témoignage ». Et surtout « battre la droite régionale » de Valérie Pécresse, la «  présidente du temps perdu » sur l’action sociale et la transition écologique, comme la surnomme Céline Malaisé. «Nous savons que la désunion de notre camp ouvre la voie au camp des régressions et du repli sur soi. Nous savons que ce qui nous rassemble en Île-de-France est éminemment supérieur ce qui nous distingue», écrivent les signataires de l’appel, prenant en exemple des mesures symboliques comme la gratuité des transports ou le logement social. « Dans l’opposition au conseil régional, nous travaillons déjà ensemble dans le cadre d’un intergroupe assez inédit », ajoute le socialiste Maxime des Gayets. Stéphane Troussel y voit même une façon de montrer l’exemple pour la présidentielle, afin « que la seule alternative ne soit pas le duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. En ces temps de défiance politique, de crise, où le terrorisme s’enkyste dans notre société, les gens ne comprendraient pas qu’on se divise pour des broutilles ».

L’éternelle question du casting 

Les « broutilles », autrement dit l’éternelle question du casting. Deux absents manquent à l’appel : Julien Bayou et Audrey Pulvar, pressentis pour prendre respectivement la tête des listes écologiste et socialiste. La seconde, adjointe à l’agriculture à la mairie de Paris, était la première signataire d’un autre texte intitulé « Île-de-France en commun », paru fin septembre dans Libération. Ce dernier sonne comme un appel à peine voilé à se ranger derrière la candidature de l’ex-journaliste, soutenue par de nombreuses figures du PS, dont Anne Hidalgo, Olivier Faure, et Bernard Cazeneuve. Quelques socialistes se retrouvent signataires des deux appels, dont Jérôme Guedj, Maxime des Gayets et Rachid Temal, dont il se murmure qu’il figurerait sur la liste que constitue en interne Audrey Pulvar.

Des velléités d’union exprimées à travers deux appels distincts, n’est-ce pas contradictoire, au moins sur le plan symbolique ? « Les textes sont complémentaires, au contraire », soutient le sénateur PS du Val-d’Oise. « Les démarches diffèrent mais l’objectif est le même : cimenter pour éviter l’éparpillement », ajoute Céline Malaisé, assurant que « des discussions bilatérales sont prévues ». « On sort d’un rendez-vous avec Julien Bayou : il n’y est pas fermé, contrairement à ce qui peut se dire », confirme-t-elle à l’Humanité.

Le secrétaire national d’EELV n’a toutefois signé aucun des deux appels, alors que la présidente du groupe écologiste en Île-de-France, auquel il appartient, est une des instigatrices du second… « La priorité, défend Ghislaine Senée, c’était de rassembler les forces écologistes, nos alliés de Cap21, Génération écologie… c’est fait. Maintenant il faut élargir notre base. » Reste à convaincre. « On n’a pas peur des débats à gauche, c’est même notre carte d’identité politique », assure Céline Malaisé. Cela tombe bien, la campagne n’en manquera pas.