Quel avenir pour la Palestine ?

Blindé_israëlien_à_Hébron.JPGColonie_autour_du_village_d'agriculteurs_de_Wadi_Fukin.JPG

De retour d’un séjour de deux semaines en Palestine dans le cadre d’un voyage solidaire, quelques réflexions me viennent immédiatement à l’esprit.

Témoigner, c’est ce que demandent les Palestiniens à celles et ceux qui viennent chez eux : faites connaître, partagez ce que vous avez vu et vécu, témoignez de ce que vivent et subissent quotidiennement les Palestiniennes et les Palestiniens en cette année où ils commémorent le 75e anniversaire de la Nakba (la « catastrophe »).

La réalité, c’est qu’aujourd’hui, au mépris du droit international et de toutes les résolutions adoptées par l’ONU, le gouvernement d’extrême droite israélien continue et aggrave la politique de colonisation et d’annexion des territoires palestiniens.

Nous l’avons constaté, au fil des années les colonies se sont agrandies et d’autres sont apparues. De nouvelles routes sont en construction pour desservir les colonies et, dans leur propre pays, les Palestiniens ne peuvent les emprunter ou seulement au prix de dérogations difficiles à obtenir. Si on ajoute le mur à ces routes réservées aux colons, circuler ou simplement accéder à leurs terres est devenu plus difficile pour les Palestiniens, entre détours et check-points fixes ou mobiles, routes fermées au gré de la volonté de l’occupant…

Nous avons raison d’affirmer que la politique du gouvernement d’Israël relève de l’apartheid, que ce soit en territoire occupé, en Israël ou en exil où des violations systématiques sont commises à l’encontre des droits humains du peuple palestinien. Les Palestiniens n’ont d’ailleurs pas tous le même statut juridique, à l’exemple de Jérusalem où ils ne bénéficient que d’une carte de résident. A Jérusalem-Est, ils payent des impôts comme tout le monde mais ne bénéficient pas des services qu’ils sont censés recevoir.

Le_mur_à_Jérusalem.JPGLe_mur_qui_vient_fermer_une_route_pour_les_Palestiniens.JPG

Nous avons constaté une présence militaire renforcée avec contrôles aux check-points et sur les routes, particulièrement aux abords des colonies. La veille de notre passage à Jérusalem, des incidents ont éclaté après une provocation d’un ministre d’extrême droite et de ses partisans. Arborant le drapeau israélien aux abords de l’esplanade des mosquées, ils ont défilé dans les rues de la vieille ville, narguant les habitants et suscitant leur colère.

A Hébron où nous nous sommes rendus, nous avons constaté la présence de blindés autour de la vieille ville colonisée où les Palestiniens n’ont déjà plus le droit de commercer et de circuler. Là aussi, nous avons remarqué que de nouvelles maisons ont été prises aux Palestiniens, sur lesquelles les occupants se sont empressés d’apposer le drapeau israélien.

Dans la région de Bethléem, nous avons travaillé à la rénovation d’une école à quelques dizaines de mètres de la présence pesante de colonies. Nous avons également vécu ce constat en nous rendant dans le village d’agriculteurs de Wadi Fukin. Ce village palestinien est enserré par les colons qui projettent de développer encore des activités au détriment de la population locale qui manque d’eau pour leurs propres cultures. L’entrée de cette colonie avec ses parterres de fleurs est révélatrice des moyens mis en œuvre par le gouvernement d’Israël au bénéfice des colons. Il suffit de tourner à droite et de pénétrer dans le village palestinien et c’est un autre monde qui nous attend…

Malgré une situation qui est véritablement explosive, nous avons été frappés par l’attitude de nos amis palestiniens qui restent accueillants et chaleureux. A aucun moment nous n’avons entendu de propos racistes ou antisémites. Attachés à leur terre, ils refusent d’être considérés comme des terroristes.

Face au mutisme des puissances occidentales, face à l’absence de condamnation du gouvernement d’Israël qui peut se permettre de violer le droit international et les droits humains sans risquer la moindre sanction, face au manque d’information objective de la part des grands médias… nous devons impérativement développer notre intervention pour contraindre le gouvernement à intervenir au nom de la France, à agir au plan européen notamment pour la suspension de l’accord d’association avec Israël et à reconnaître l’Etat de Palestine.

Au vu de la situation qui semble inextricable et compte tenu du morcellement de la Cisjordanie, il est normal de s’interroger sur la viabilité d’un territoire palestinien vivant en paix avec ses voisins. Mais ne perdons jamais de vue qu’il revient aux Palestiniens seuls de décider de leur avenir. Aujourd’hui, c’est bien en s’appuyant sur le droit et la justice pour le peuple palestinien que nous pourrons gagner les consciences à une intervention solidaire balayant toute idée d’antisémitisme qui nous est collée dès que l’on critique la politique d’Israël.

Christian Le Gourriérec