Réforme de l’université. Le travail des étudiants et des chercheurs doit être reconnu et libéré de ses entraves

 

Pour soutenir l'Humanité, n'hésite pas à t'abonner numériquement à l'Humanité en cliquant ICI

Par Anaïs Fley, Secrétaire nationale de l’Union des étudiants communistes.

Les rapports annuels de l’Unef et de la Fage ont mis en lumière une hausse du coût de la vie étudiante en 2020, notamment due aux frais supplémentaires liés aux dépenses sanitaires (masques de protection, gel hydroalcoolique). Or, selon l’Observatoire de la vie étudiante, un étudiant sur deux est déjà obligé de travailler à côté de ses études pour subvenir à ses besoins. Avec le confinement, des milliers d’étudiants ont perdu leur emploi, et donc leur principale source de revenus.

Il va falloir choisir. Le gouvernement peut assumer de vouloir pousser des dizaines de milliers de jeunes à lâcher leurs études pour subvenir à leurs besoins en enchaînant les petits boulots. Dans le cas contraire, aucune demi-mesure ne suffira à garantir que l’on puisse tous se concentrer à 100 % sur nos formations. Les bourses concernent trop peu d’étudiants et sont complètement insuffisantes – de nombreux boursiers demeurent obligés de s’appuyer sur leurs parents ou de travailler à côté. Par ailleurs, elles ne répondent pas au problème fondamental qui nous maintient dans la précarité : l’absence de reconnaissance de notre travail.

Étudier est un travail à plein temps. Quand on va en cours, on échange avec sa promo, on discute avec son prof, on s’exerce, on se documente à la bibliothèque, on applique ses connaissances et on en acquiert de nouvelles durant les stages… Nous ne demandons pas la charité mais une digne rémunération de notre travail. C’est grâce à ce travail, mais aussi à celui des enseignants et du personnel administratif, que chaque année une nouvelle génération est formée et disponible pour renforcer les rangs des travailleurs qualifiés de notre pays. À l’heure d’une crise climatique, sociale et sanitaire inédite dans l’histoire, cet enjeu de la reproduction de la force de travail qualifiée est suffisamment crucial pour qu’on s’en inquiète et qu’on y consacre les moyens et la logistique nécessaires.

Au contraire, avec des réformes telles que la loi de programmation pluriannuelle de la recherche qui menace de tomber à la rentrée, Macron et son gouvernement désarment la France face aux défis de notre siècle. L’excellence de la recherche repose en grande partie sur la qualité du travail de son personnel et sur la coopération scientifique. Or, cette réforme est une absurdité qui ne fait que complexifier et précariser le travail de recherche, et donc empêcher les scientifiques de faire leur travail. Si nous voulons donner de nouveaux horizons à l’humanité, il est urgent de les libérer de ces carcans et d’augmenter les salaires.

Outre cet enjeu, ceux de la planification écologique de la recherche et de l’appropriation démocratique des progrès scientifiques se posent plus gravement que jamais. La baisse de la confiance dans le personnel scientifique et l’absence de maîtrise démocratique de la recherche par les travailleurs alimentent les dérives complotistes et freinent le progrès scientifique. Cette période de pandémie en montre de multiples illustrations. Seule une réforme ambitieuse de la recherche publique, engageant 3 % du produit intérieur brut (PIB) de la France, peut répondre à ces nouveaux enjeux scientifiques, écologiques, démocratiques et civilisationnels.

Macron, son camp politique – la droite, les réactionnaires – et son gouvernement tiennent la barre pour détruire les services publics qui permettent à notre pays de tenir face aux crises : l’université, bien sûr, mais aussi l’hôpital, l’école, les transports ferroviaires… De notre côté, qu’allons-nous faire ? Il faudra les battre lors des prochaines échéances électorales. Mais le temps presse et nous devons nous mobiliser dès aujourd’hui, partout où nous sommes, pour changer l’avenir qui nous est promis. Étudiantes et étudiants, aux côtés de nos profs et de nos secrétaires pédagogiques, dans toute la France, nous pouvons agir.

D’une seule voix, exigeons que le travail des étudiants et des chercheurs soit enfin reconnu et libéré de ses entraves. Pour les étudiants, cela signifie mettre en place un revenu étudiant à hauteur minimale du Smic, garanti à chacune et chacun d’entre nous, Français ou étranger, dès l’instant que l’on est inscrit à l’université et que l’on suit effectivement sa formation. Ce revenu, financé par les cotisations sociales, serait géré par les travailleurs et les étudiants, grâce à une nouvelle branche formation de la Sécurité sociale.

Créer un revenu étudiant, investir dans la recherche publique à hauteur de 3 % du PIB et revaloriser les salaires des scientifiques, c’est possible : l’État et la Sécurité sociale gaspillent chaque année des centaines de milliards d’euros de cadeaux au patronat. Notre pays peut choisir d’utiliser son argent autrement, en investissant dans l’avenir. C’est ce pour quoi les étudiants communistes se mobiliseront durant toute la rentrée universitaire, aux côtés de leurs camarades de fac et de leurs enseignants.

Secrétaire nationale de l’Union des étudiants communistes