« Séparatisme » : combattre une loi anti-républicaine et discriminatoire

Après l’Assemblée nationale, le Sénat vient d’adopter à son tour le projet de loi « séparatisme » rebaptisé « projet de loi sur les principes de la République ». Avec ce vote c’est la République qui sort affaiblie ; ce sont les principes d’égalité, de liberté et de fraternité, de laïcité qui sont attaqués.

La droite sénatoriale a mené une traque législative dirigée contre les musulmans et ciblant les femmes portant le foulard : exclusion des compétitions sportives, interdiction d’accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires, d’être présentes dans l’espace public avant leurs 18 ans…

La menace de dissolution d’un syndicat étudiant en intervenant dans son mode d’organisation interne est un avant-goût des atteintes aux libertés syndicales, au droit de contester au nom de principes dévoyés.

Ces dérives sont dans le prolongement d’un projet de loi qui, dès le début, a été marqué par une logique discriminatoire, islamophobe et une dénaturation du principe de laïcité, dans l’objectif de restreindre encore davantage les libertés fondamentales.

La protection des agent-es du service public menacés, des femmes victimes de mutilations sexuelles ne saurait dissimuler le caractère irrémédiablement néfaste de cette loi.

Il ne fait aucun doute que l’objectif premier du gouvernement n’est en aucun cas de combattre l’extrémisme religieux, mais bien de tenter de dévier l’attention des conséquences désastreuses de ses politiques de casse sociale et de sa gestion catastrophique de la pandémie de Covid-19.

Avec cette loi, il s’agit d’imposer les thèmes de la présidentielle et de sortir la question des inégalités sociales, du séparatisme bien réel des riches.

Ces manipulations produisent des effets très dangereux dans notre pays : un climat de division sur des bases ethniques et religieuses. Elles aboutissent à présenter une partie de la population française comme étant dans son essence même un corps étranger et une menace pour le reste de la communauté nationale. Ces stigmatisations permanentes constituent une violence au quotidien pour des millions de nos concitoyennes et concitoyens, et parmi eux des centaines de milliers de Séquano-Dionysiens, qui se sentent exclus de leur propre pays.

Une violence qui se double, dans de nombreux quartiers de France et, en premier lieu en Seine-Saint-Denis, d’un abandon de la part de l’État qui rend encore plus insupportable ces accusations de « séparatisme ». Car, quand l’emploi disparaît, quand les services publics ferment les uns après les autres, et que ceux qui restent sont confrontés à un manque structurel de moyens dans des domaines essentiels (santé, éducation, sécurité…), où est l’égalité républicaine ?

Personne ne nie que notre société, comme d’autres, est confrontée aux dangers de l’obscurantisme et du terrorisme. Mais une réelle politique de lutte contre ces fléaux doit commencer par rompre avec des décennies de politiques de casse de la République, d’abandon territorial et de démagogie xénophobe et anti-musulmane

Comment ne pas voir que le séparatisme territorial que nous subissons tous les jours contribue grandement à créer le terreau pour la progression des idées réactionnaires, tant religieuses que politiques ?

Les communistes appellent à se mobiliser et à agir pour construire une société républicaine libérée de toute discrimination, domination et exploitation. Nous nous tenons à la disposition de toutes celle et ceux, organisations et individus, qui agissent ou souhaitent agir en ce sens, pour mener ce combat à leurs côtés.