La Sécurité sociale solidaire est partie intégrante de notre société, elle aura bientôt 80 ans et participe à l’identité française. Elle a été la concrétisation d’un des engagements du programme du conseil national de la résistance.
Ainsi en 1945, Ambroise CROIZAT, alors ministre communiste du Travail, s’appuyant sur le rapport de forces de la CGT et le soutien de Louis SAILLANT dirigeant CGT et dernier président du CNR, met en place la Sécurité sociale solidaire gérée par les travailleurs eux-mêmes.
L’entreprise, lieu de production de richesses, devenait contributive au financement de la Sécurité sociale via les cotisations sociales salariales et patronales. Dès sa mise en place, la Sécurité sociale propose des remboursements à 80 % des soins. L’ambition d’origine était d’arriver rapidement à 100 %. La Sécurité sociale aura favorisé un vaste maillage d’hôpitaux publics sur l’ensemble du territoire avec un distinguo clair entre le patrimoine immobilier propriété de la nation et le financement des activités par la Sécurité sociale.
Jusqu’à sa mort en 1951, Ambroise CROIZAT ne cessa de travailler contre ses opposants, notamment le patronat, pour défendre la Sécurité sociale et son principe de solidarité : «Je cotise selon mes moyens et reçois selon mes besoins». Dans son dernier discours en 1950, à l’Assemblée nationale il disait : « jamais, nous ne tolèrerons qu’un seul des avantages de la Sécurité sociale ne soit rogné. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie, cette loi humaine et de progrès ».
Mais après les 30 années glorieuses, les politiques de « maîtrise des dépenses de santé » font leur apparition. Elles sont soutenues en cela par le patronat.
Depuis la création de la Sécurité sociale, les néolibéraux n’ont jamais accepté que ces secteurs d’activité drainant des sommes considérables échappent aux marchés. Dans les années 1990, les dépenses de la Sécurité sociale sont placées sous l’autorité du Parlement. L’ONDAM (Objectif National des Dépenses d’Assurance maladie) a permis en réalité de travailler à la réduction des dépenses remboursées de chaque branche (Accidents de travail, Maladies professionnelles, Familles, Retraites, Maladies, Recouvrements, Autonomies).
Réforme après réforme et depuis plus de 20 ans, les politiques d’austérité ont mis à mal notre système de santé et de protection sociale. Ce sont 100 000 lits fermés en 20 ans, des hôpitaux publics endettés et des modes de financement par la tarification à l’acte ne permettant plus de fonctionner et d’investir.
L’impact de ces politiques est encore plus marqué en Seine-Saint-Denis qui d’après le rapport parlementaire de Stéphane PEU et de Christine DECODTS publié en novembre 2023 est le plus grand désert médical de France avec des indicateurs de santé publique alarmants.
Aujourd’hui encore, les gouvernements successifs « macron » n’ont choisi qu’une solution pour financer notre système de protection sociale : faire des économies en diminuant les prestations et stigmatiser ceux qui profiteraient du système. Ils relaient ainsi la rhétorique du RN qui désigne comme la cause de nos déficits, les profiteurs qui seraient bien évidemment les étrangers qui ne viendraient en France que pour bénéficier de son système social.
Le vrai problème de la Sécurité sociale ne sont pas les dépenses mais bien le manque de recettes, essentiellement dû aux exonérations sociales en faveur des entreprises augmentées de 20 milliards depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron.
Aujourd’hui, l’hôpital public est en crise, ce sont en moyenne 5 000 fermetures de lits par an depuis le covid, des services d’urgence qui n’arrivent plus à répondre aux besoins de la population, des personnels en manque de reconnaissance et une pression au travail qui n’a jamais été aussi importante avec des conséquences sur la qualité de prise en charge des patients.
Pour la population, l’accès aux soins et à la santé est de plus en plus difficile et coûteux.
Les libéraux en s’attaquant à la Sécurité sociale touchent aux droits à la santé et aux soins pour toutes et tous. Le but étant de faire de la santé et de la protection sociale un service marchand comme un autre, à l’image des États-Unis où les conséquences sont catastrophiques, avec une explosion des inégalités et une dégradation de l’état de santé global de la population et où l’espérance de vie des citoyens ne cesse de diminuer.
Nos services publics, nos systèmes solidaires de redistribution sont aujourd’hui en manque criant de ressources alors que l’argent existe !
Brigitte MORANNE
co-secrétaire de section de Romainville