Une tribune de Didier Le Reste, Charlotte Blandiot Faride, Dominique Launay, Didier Mignot, et Christine Chevalier, pour l’association Non au CDG EXPRESS
La crise sanitaire, sociale et économique que nous vivons confirme l’urgence de stopper définitivement ce projet de « trains des riches », le CDG EXPRESS. Début 2019, à notre initiative, des centaines d’élus de tous bords politiques , des responsables d’associations d’usagers, des syndicalistes ont signé un appel demandant au Préfet de région et au Ministère des transports d’abandonner le CDG EXPRESS et exiger que la priorité soit donnée aux transports du quotidien.
Cet appel résonne avec force en cette période où de nombreuses voix s’élèvent pour demander que le « jour d’après » ne ressemble plus à ce que nous avons connu ces dernières décennies, en matière sociale , environnementale , d’aménagement du territoire… et qu’on sorte de ce système néolibéral au service du Capital ruinant notre planète et menaçant l’humain.
La priorité aujoud’hui, c’est de donner la priorité au service public, en le renforçant , car malgré son affaiblissemnt dû aux politiques de démantèlement, d’éclatement, d’ouverture à la concurrence, la période démontre son utilité que ce soit dans les secteurs de la santé, des transports , de l’éducation , de l’énergie, des communications…permettant aux plus démunis de survivre dans ce contexte où la famine se pose avec acuité pour nombre de personnes.
Stoppons ce projet discriminatoire et ségrégatif qui pénalisera les usagers et habitants de la Seine-St-Denis, de Seine et Marne, de l’Oise, de l’Aisne… ainsi que ceux résidents au sud de la ligne du RER B. Un train qui ne desservira aucune gare des départements traversés !
Malgré cette opposition,malgré le contexte actuel posant de grandes questions sur l’évolution du transport aérien, sur la nécessité de relocaliser les productions, de développer les circuits courts, de donner la priorité à la réponse aux enjeux climatiques…, le gouvernement s’obstine à poursuivre ce projet inutile, ce qui en dit long sur la considération qu’il porte aux millions d’usagers quotidiens des transports !
L’urgence aujourd’hui, c’est de répondre aux attentes des usagers qui s’impatientent et qui souffrent en raison de l’insuffisance notoire d’investissements réalisés ces 30 dernières années et de la hausse de fréquentation des trains pour l’amélioration de leurs conditions de transports du quotidien.
Faut-il rappeler que le CDG EXPRESS circulera majoritairement sur les lignes K, qu’utilise également le TER Picardie, sans oublier le RER B qui utilise aussi ces voies en situation perturbée (ce qui est assez fréquent) mais également des trains de marchandises essentiels à développer et tout cela dans un contexte d’urgence environnementale pour combattre les pollutions, le réchauffement climatique et les congestions des routes. La réalisation du CDG EXPRESS priverait les capacités de développement des trafics du Fret ferrovaire qui pourtant dans la période démontre toute sa pertinence malgré son affaiblissement. Un non-sens économique et environnemental. Rappelons qu’en Ile-de-France, la part modale du Fret Ferroviaire est inférieure à la moyenne nationale avec seulement 3 % des marchandises transportées contre 90% à la route.
Une des priorités et exigences des franciliens est l’amélioration des transports du quotidien. Mais malheureusement ils n’auront pas accès avec leur Pass Navigo ou un billet au tarif Ile-de-France Mobilités au CDG EXPRESS. Le prix envisagé du titre de transport pour un seul trajet du CDG EXPRESS est estimé entre 24 et 29 euros (coût 2019).
Oui, les usagers/citoyens ne comprennent pas et n’acceptent pas que des travaux prévus pour améliorer leurs transports du quotidien soient arrêtés ou retardés faute de moyens au profit d’un train qui ne répond pas à l’intérêt général et qui va engloutir au bas mot 2,5 milliards d’euros d’argent public ! Le président de la SNCF annonce que la crise sanitaire actuelle va faire perdre plus de 2 Milliards d’€ à l’entreprise et demande l’aide de l’Etat , mais pendant ce temps, SNCF Réseau met plus de 400 millions d’euros dans ce projet dispendieux et inutile et retarde d’autres travaux !
Les enjeux sociaux et environnementaux doivent être clairement LA priorité. Pourquoi privilégier à tout prix, les 17 000 passagers attendus par jour du CDG EXPRESS aux 9 millions d’usagers quotidiens des transports publics franciliens (SNCF/RATP) ?
Le gouvernement se doit de mettre en cohérence ses annonces avec ses actes. Le projet CDG EXPRESS doit être définitivement abandonné et les moyens dégagés mis au service de la modernisation, du développement des transports du quotidien, de la transition écologique dans le cadre d’un grand service public des transports sous contrôle et maitrise public accessible et aux services de toutes et tous !
Communiqué de Éliane ASSASSI et Fabien GAY