Que ce soit en ouvrant la presse, en écoutant la radio ou en zappant sur les chaines d’information, nous regardons, nous lisons et nous entendons chaque jour ce qui a de plus abject.
Outre Atlantique, Elon Musk n’a pas hésité à plusieurs reprises à faire un salut nazi à la foule pour célébrer l’arrivée au pouvoir de son champion Donald Trump. Ce dernier a immédiatement signé un décret supprimant le financement pour les écoles sensibilisant au racisme et à la transphobie et a durcit les mesures de détention pour des personnes sans-papiers. Au cœur du Parlement européen, lors de la minute de silence, en mémoire des victimes de l'Holocauste, l'eurodéputé polonais d’extrême droite, Grzegorz Braun, s’est permis de crier sa haine. En Allemagne, au Bundestag la digue a sauté. La droite et l’extrême droite ont voté main dans la main une nouvelle loi contre l’immigration pour permettre de refouler à la frontière tous les étrangers y compris les demandeurs d’asile. En Roumanie, Calin Georgescu, le candidat d’extrême droite à la présidence, nostalgique de l'époque fasciste, est arrivé en tête des élections. Et au sein de l’Union européenne, l’extrême droite s’est implantée dans plusieurs gouvernements notamment à la tête des exécutifs italien et hongrois. Elle participe également à des coalitions gouvernementales aux Pays-Bas, en Finlande et en Slovaquie, tout en apportant son soutien au gouvernement suédois.
Ainsi, la progression de l’extrême droite est devenue chose commune en Europe du Nord depuis maintenant quelques années, région pourtant considérée comme le bastion de la sociale-démocratie. Au Danemark, même la Première ministre de centre gauche, Mette Frederiksen, a fait le choix de politiques migratoires restrictives sous la pression de l’extrême droite.
La France n’est pas épargnée par ce constat. Les politiques et le grand capital qui dirigent les médias s’engouffrent, chaque jour toujours plus, dans la pensée réactionnaire afin d’instrumentaliser les colères populaires avec pour objectif de maintenir un gouvernement ultralibéral illégitime battu par des millions de concitoyen·ne·s qui avaient décidé le barrage républicain. Le tapis rouge est déroulé à la nouvelle circulaire du ministre de l’Intérieur, durcissant les conditions d’accès à un titre de séjour, à la volonté de réformer l’AME, au durcissement du regroupement familial, du droit du sol, des conditions d’accueil des étudiant·e·s, à l’instauration de quotas ou encore au rétablissement du délit de séjour irrégulier.
L’école qui était encore un sanctuaire d’humanité et un lieu où les élèves se sentaient protégés de la dérive des politiques haineuses et de ceux qui dirigent le pays ne l’est plus depuis l’arrestation d’une élève dans son établissement scolaire parce qu’étrangère. Et les propos infâmes, assumés et pesés politiquement, du Premier ministre F. Bayrou, évoquant « un sentiment de submersion migratoire », s’inscrivent dans la continuité de la banalisation de l’extrême droite, de ses idées et en sont un accélérateur de l’accoutumance au racisme ambiant.
Selon les enquêtes de victimation de l'INSEE, 1 million de personnes estiment avoir subi au cours de l'année au moins un acte raciste. 96% d'entre elles ne portent pas plainte. Les chiffres du ministère de la Justice se révèlent ainsi particulièrement inquiétants. Le racisme se manifeste sous la forme de menaces, d’injures, de discriminations, notamment en matière d’emploi, de logement, de scolarisation. Ce poison qui sévit dans notre société prend ainsi de l’ampleur avec un caractère absolu et général du phénomène pour les victimes de discriminations liées à leur couleur de peau notamment avec la progression des idées haineuses sur internet ou dans le débat public. Même TF1 a dû réagir par voie de communiqué pour dénoncer la vague de racisme et de haine qu’a subit Ebony, une jeune séquanodyonisienne, candidate du télécrochet Star Académy, sur les réseaux sociaux.
Ainsi, la question du racisme ne peut donc être détachée de la question de classe, tout comme la question de classe ne peut faire abstraction de la question de racisme. Confrontés parfois à l’échec social et professionnel, les victimes de racisme peuvent nourrir une véritable « rage » à l’égard de la société et rejeter, à juste titre, en bloc les riches, les puissants portés par le système capitaliste destructeur ou encore ce qui devrait faire cause commune comme l’État, la justice, la police, le système scolaire, tout ce qui à leurs yeux les opprime et les cantonne dans la marginalité. Tolérer une forme de racisme revient donc toujours à nourrir le mal dans son ensemble. C’est une dérive dangereuse pour la démocratie, les droits et les droits de l’Homme. Car on le sait, le recul des droits des étrangers, actuellement en œuvre pour des accords électoraux avec la droite extrême et l’extrême droite, précède toujours le recul des droits pour toutes et tous.
De fait, la prise de pouvoir par l’extrême droite, qui n’est pas à négliger dans les prochains mois au regard de la multiplication des actes, serait une menace pour les habitant·e·s de notre département. Ce serait pour elle, sans aucun doute, un laboratoire de toutes les politiques liberticides et autoritaires mais également les premières victimes frontales de la politique discriminatoire et raciste du Rassemblement national. La République française doit continuer d’être basée sur les valeurs inscrites sur les frontons de nos institutions « liberté, égalité, fraternité » avec une longue tradition d’accueil qui s’est construite pendant les vagues d’immigration. Face aux souffrances de ce racisme ambiant que subissent bon nombre de nos concitoyen·ne·s, aux manœuvres gouvernementales et aux dangers, on peut parfois observer avec crainte des comportements de repli sur soi, ou des votes communautaristes qui apparaissent être la solution pour certain·e·s.
Les forces de gauche, écologiques, progressistes, syndicales, associatives, sont au pied du mur. Elles doivent entendre, elles doivent porter ce combat contre le racisme et les discriminations avec force et détermination, elles doivent s’opposer avec rigueur aux propos qui flirtent avec le vocabulaire de l’extrême droite, elles doivent construire avec toutes et tous, elles doivent proposer des solutions d’espoir et de commun. Pour cela, elles sont contraintes à l’impérieuse nécessité de s’unir pour protéger collectivement de ces attaques et ces faits nauséabonds pour l’avenir de notre nation. C’est dans ce sens également que se mènera la bataille pour les services publics menée par le Parti communiste français.