Ces 55 derniers jours auront changé nos habitudes, nos vies, nos comportements. Nous étions nombreux, le soir à 20 heures à applaudir celles et ceux, qui, au front, ont fait tourner notre société. Comment oublier tous ces élans de solidarité qui nous ont fait si chaud au cœur ? Oui mais maintenant ?
Pour « les premiers de corvée », rien de bien nouveau. Un peu plus de monde, voilà tout. Pour d’autres, la vie d’avant reprend, doucement. Pour d’autres encore, le télétravail continue. Peu nombreux sont les enfants qui retrouveront l’école. Les « vieux », dont je suis, iront de nouveau faire leurs provisions, se permettront une promenade, et au passage, ils prendront rendez-vous chez le coiffeur. Pourtant, je veux exprimer une crainte, au moment où la vie va reprendre ses droits. Pendant deux mois les relations sociales ont été bouleversées. Et puis voilà, nous allons sortir masqués, parce que le virus fait peur. On va craindre la cohue, les bouchons dans les transports. L’éloignement et plus d’embrassades. Et pour faire bonne mesure, on nous recommande la « distanciation sociale ». Le terme « physique » ne serait-il pas mieux approprié ? Alors prenons soin de respecter ce que l’on a coutume d’appeler les « gestes barrière », mais prenons garde dans ce moment particulier, de ne pas voir se distendre les rapports humains et les relations sociales. Plus que jamais, parlons-nous, écrivons-nous, multiplions les moments d’échange et de solidarité. Nous allons avoir besoin de rassembler nos forces pour s’opposer au gouvernement et au patronat qui préparent les esprits à une grande régression. La lutte des classes n’a jamais été confinée. Redoublons de vigilance et de mobilisation pour reprendre la main et progresser vers un partage des pouvoirs, des avoirs et des savoirs.
Robert Clément